Débat sur l’eau et l’environnement

novembre 9, 2021

Les formations sur les sciences de l’eau et de l’environnement

Un secteur pourtant stratégique et des formations universitaires peu connues des  étudiants!

Avec des évènements climatiques extrêmes qui semblent de plus en plus récurrents, sécheresse prolongée, pluviométrie capricieuse, inondations… la conception de nouveaux cursus de formation des futurs universitaires, dans les sciences de l’eau et de l’environnement, doit s’adapter aux nouveaux défis générés par les aléas de l’environnement.  Si le secteur de l’eau revêt une priorité stratégique nationale pour le pays, la formation universitaire dans les sciences de l’eau et de l’environnement en Algérie, ne semble-t-il pas, avoir la même notoriété auprès de la masse estudiantine dans nos universités. Un problème de vulgarisation, de communication, ou tout simplement cela est dû à un environnement psychologique ambiant maintenu au niveau de la première année tronc commun des sciences de l’ingénieur tendant à déclasser le statut de cette importante spécialité aux yeux des étudiants! Et pourtant, parler de l’eau, c’est parler d’un secteur névralgique pour le pays.  Pour briser la monotonie communicationnelle et sortir des schémas classiques des portes ouvertes via lesquelles on informe généralement le public étudiant, le département des Sciences de l’Eau et de l’Environnement (SEE) de l’université Blida1 a organisé le 7 novembre 2021 une journée de réception, une première du genre, au profit des nouveaux étudiants, deuxième année licence (L2), mais aussi d’anciens étudiants invités et qui sont déjà actifs dans le secteur socio-économique. Communications, débats et interactions entre enseignants, étudiants et employés dans le secteur socio-économique   se sont étalés sur quatre logues heures mais très accrocheuses et passionnantes tant les thématiques abordées étaient non seulement d’actualité cuisante mais hautement stratégiques dans le contexte actuel des changements climatiques.   Protection, acheminement, traitement et alimentation en eau potable, dessalement de l’eau de mer et effet de la saumure sur l’environnement. Mais aussi, épuration des eaux, contrôle technique hydraulique, drainage et dimensionnement des ouvrages d’art, aménagement des bassins versants, hydrologie, hydrogéologie ou encore police des eaux, telles sont les thématiques qui ont été largement développés via une forte interaction avec des étudiants surtout soucieux par rapport aux opportunités d’emploi ou de création de leurs propres entreprises d’expertise dans le domaine des sciences de l’hydraulique.

« Une baisse de la pluviométrie qui été constatée depuis trois décennies, avec un pic de sécheresse en 2001-2002, ajouté à cela, le phénomène de désertification des sols qui accentue la menace de sécheresse et d’évapotranspiration, en particulier dans l’ouest algérien, a généré une véritable situation de stress hydrique en Algérie. Si nous prenons aussi le phénomène de la croissance de la demande en eau qui a été multipliée par quatre en quarante ans, notamment dans le Nord du pays et dans les zones urbaines, le recours au dessalement s’avère plus qu’une nécessité » a défendu, le Pr  Bessenasse  Mohamed, enseignant chercheur au département des SEE de l’université Blida1.

S’adressant directement aux étudiants qui doivent prendre le relais et sur le terrain mais aussi en matière de recherche et de production des connaissances dans une conjoncture bourrée de défis, le professeur Boualem Remini, expert de longue dans la thématique de l’envasement des barrages et les phénomènes d’érosion, a lancé de vive voix : « maintenant le tour est à vous. Ce n’est plus nous. Nos anciennes formules et équations dans le dimensionnement des ouvrages d’art ne sont plus aussi pertinentes et précises qu’elles ne l’étaient, il y a quelques décennies car, les données climatiques ne sont plus parfaitement les mêmes. C’est à vous de produire de la nouvelle connaissance ». Rappelant de passage la catastrophe de Bab El Oued (Alger) en 2003, un intervenant a longuement sensibiliser l’auditorat sur la nécessité de former des ingénieurs de terrains maitrisant le volet dimensionnement des ouvrages d’évacuation des eaux pluviales, parce qu’à  la base et à titre d’exemple seulement, la catastrophe de Bab El Oued est due principalement à un problème de maintenance du réseau mais plus précisément à un problème de sous-dimensionnement des conduites.   C’est dans une intervention pleine d’émotion et de spontanéité que Djillali Bensafia, M.R.Khouli et M.Naceur  ont exhorté les étudiants à l’excellence et dans leurs études mais aussi dans le choix de la thématique de fin de cursus qui doit coller à la réalité socio-économique et environnementale actuelle. Exposant via des illustrations l’organigramme du Ministère des Ressources en Eau (MRE), M.HADDAD  Ali, enseignant au niveau du département des SEE, fera savoir que le créneau de l’hydraulique est parmi les rares secteurs qui offre réellement l’opportunité aux diplômés universitaires d’ouvrir leurs propres entreprises d’expertise avant d’arguer : « le MRE  dispose de 9 directions, cela en plus des agences, d’office et d’organismes couvrant la gestion intégrée des ressources hydriques sous tous les aspects inhérents au secteur de l’hydraulique : l’épuration, l’irrigation, le drainage, la gestion des barrages, aménagement des bassins versants, contrôle technique hydraulique…N’oublions pas aussi qu’un nombre important d’entreprises économiques implantées à travers les wilayas du pays et qui sont sous tutelle du MRE peuvent aussi fournir de véritables occasions de débouché aux étudiants universitaires ». Une dizaine d’anciens étudiants activant déjà dans le secteur socio-économique ont eux aussi ému et les nouveaux étudiants mais aussi leurs anciens professeurs en exprimant toute leur gratitude et leur reconnaissance, estimant que l’avenir fera beaucoup parler du secteur de l’hydraulique dans tous ses états exhortant les nouveaux étudiants et leurs anciens enseignants à faire beaucoup de sorties sur terrain et à favoriser la pratique et la manipulation, à apprendre l’utilisation des logiciels les plus en usage dans le secteur de l’eau et de l’environnement. Enfin, un grand salut bien mérité à l’ensemble des acteurs de cet événement qui,  pleinement conscient de l’importance de cette thématique hautement stratégique,  n’ont épargné aucun effort dans la réussite de cette rencontre.

 Par : Abdelli Mohamed/

Enseignant,  université Blida1